Du 16/02 au 22/02
Autour de Tortola
Des rideaux de petits poissons argentés entreprennent une danse synchronisée. Il y en a tellement que l’on ne peut voir à plus de quelques mètres sous l’eau. Ce mouvement ondulatoire se voit transpercé à certain moment, par la lumière et les poissons s’illuminent de reflet d’argent. Ils font la joie des prédateurs terriens comme marins. Les pélicans noirs plongent en piqué à quelques mètres de nous pour s’en remplir la panse. Des bandes de Tazards ( appelés aussi Wahoo) et d’énormes Tarpons s’en délectent aussi.
Nous nageons au milieu de mastodontes qui excitent Marco au plus au point !
Le goût de la chasse lui monte au nez et n’y tenant plus, va chercher son fusil discrètement. Il faut payer un permis pour pêcher et nous ne l’avons pas pris vue que presque aucun poisson ne se mange !. NB : Ici tout se paye même le droit de vider sa poubelle… et c’est vrai !!
Le Tazard appartenant au thonidé ils ne sont en principe pas contaminés par la ciguatera et l’on suppose qu’il en est de même pour les Tarpons qui se nourrissent de la même façon ! Généralement ce sont des poissons que l’on trouve au large…
Cela fait tellement longtemps que l’on a pas mangé de frais que nous nous régalons avec les quelques wahoos ramenés. Un soir, je vois Marco sortir ses hameçons et cannes, je me doute qu’il a une idée derrière la tête.
Quelques instants plus tard, je l’entends brailler. Il n’arrive même pas à ramener la ligne tellement ça tire et paf elle casse !!! C’était du gros !!
Il fait nuit noire, notre éclairage du cockpit nous permet de distinguer des ombres monstrueuses passant autour du bateau.
Je regagne l’intérieur et laisse Marco sur le pont manigancer un sale coup. Peu de temps s’écoule avant qu’il ne crie de venir vite l’aider !!
Il n’a pas pu résister à tirer une flèche sur le monstre aquatique et le voilà bien emmerdé pour le remonter à bord. Le Tarpon est réputé pour être vigoureux et nous nous rendons compte que ce n’est pas une légende. Il se débat comme un diable et pèse vraiment lourd ! Une bonne vingtaine de kilos.
Après quelques efforts on le projette dans le cockpit et la danse du diable reprend, heurtant les parois avec violence. C’est un tarpon à grosse écailles celles-ci forment un genre de carapace impénétrable. On comprend pourquoi ils n’ont aucun prédateurs marins, ceux-ci se casseraient les dents dessus !
Le couteau s’avère vite inutile pour le tuer, nous sortons la scie à métaux, et notre boucher opère !!!
Le carnage commence dans le cockpit!!!
Je ne sais si Marco avait réfléchit à tout avant d’envoyer sa flèche, mais deux heures plus tard nous sommes encore à l’écailler, le vider, nettoyer le poisson, le bateau, en faire d’improbable filets qui ne m’inspirent pas du tout !! Pour tout dire cette prise ne me ravie pas ! Mais un chasseur est un chasseur, je les connais bien car mon père en est un beau spécimen, quand ils ont une idée en tête….rien ne sert de vouloir les raisonner !!
Par précautions avant de le manger, nous nous débrouillons pour nous connecter à internet afin d’en savoir davantage sur le Tarpon et comment il se cuisine.
Bien nous en prend car il s’avère que celui-ci est prisé juste pour la chasse sportive mais ne se mange pas ! Ben alors là ? J’ai un peu de mal avec cette idée de tuer juste pour le plaisir et en plus d’être obligée de tout jeter.
En regardant vite fait ce que l’on dit sur le Wahoo, on découvre que certains peuvent être contaminés par la ciguatera !! Alors là c’est le pompon !! On en a mangé et il nous en reste encore au frigo !! Nos réserves de frais se voient anéantis en quelques clics !!!
Il va falloir regagner la ville pour le ravitaillement, on n’a plus d’eau, plus de gaz, plus de nourriture !!
Nous faisons cap sur Road Town.
Aux vues des tarifs de la marina nous négocions quelques heures d’arrêt à quai et nous courrons faire notre plein, non sans difficulté !!
C’est l’anniversaire de Marco, il a mal aux dents, à la tête peut être est ce cette année de plus qui agit, le speed nous empêchera de fêter ça.
De plus on doit trouver un mouillage avant la nuit. Nous rejoignons une île proche mais le mouillage est envahi de bateaux. On descend plus au Sud alors que le soleil décline.
Nous arrivons dans une baie où de nombreux bateaux sont à l’ancre et attachés le cul à terre sur les rochers pour éviter de tourner. Pas de place hormis en plein milieu de la baie, la ronde nous encercle, mais nous n’avons pas le choix on jette l’ancre avec les premières lueurs nocturnes.
Nous avons l’impression d’être des manouches des mers en comparaison avec les gros catamarans équipés de wifi et de tout le confort à bord ! Tidoudou fait vraiment petit !
Mais loin de les envier, nous apprécions notre embarcation qui nous offre un accès à tous ces horizons et que l’on soit gros ou petits les paysages sont les mêmes pour tout le monde !!
Notre vie est bien légère, nous ne touchons plus terre!!!