Moorea l’île voisine n’est qu’à quelques heures de navigation. Les pics, pitons et hautes montagnes verdoyantes donnent un relief particulier à cette île. Nous pénétrons dans la baie d’Opunohu encadrée de ces pointes effilées et majestueuses : un des plus beaux mouillages de la société, qui n’est pas sans rappeler les Marquises, côté paysages !
Nous jetons l’ancre au pied des montagnes, avant que nous nous rendions compte que nous sommes dans une zone protégée et donc interdite. Nous retournons donc près de la passe où se trouvent d’autres voiliers.
Côté mouillage, c’est plutôt confortable : petit lagon, protection du reef d’un côté et des montagnes de l’autre… Ca peut bastonner de tous les côtés on est abrité. D’ailleurs très vite nous le vérifions, dans la nuit de fortes rafales du Nord- Est commencent à débouler, se sentant en sécurité nous nous abandonnons au sommeil sans trop d’inquiétude. ( On commence à prendre l’habitude des rafales!). Le lendemain, quelle n’est pas notre surprise de constater que nous avons le cul à quelques mètres des rochers ! Décidément il n’y a pas moyen de relâcher notre vigilance…Quelques bateaux ont eux aussi dérapés, ceux dont l’équipage était éveillé ont pu manoeuvrés, un autre est allé s’échouer sur les berges ! Nous, on a eu du bol, une fois de plus!
Le vent tournicote, forcit, c’est pas bon signe, on ne va pas tarder à se prendre un coup de Trafalgar du Sud, on commence à connaître la musique !
C’est bien le cas, le vent passe Nord, klaxonne, passe Sud, re- klaxonne : avec des claques à 35 nœuds ! Des trombes d’eau s’abattent! Un bateau dérape, heureusement il fait jour et peut agir rapidement. Y a de l’ambiance ! A chaque changement de direction Marco plonge vérifier l’ancre. Durant 2 jours on est coincé sur le bateau. Puis en attendant que la mélodie se calme, nous partons marcher dans les montagnes. Voilà des mois que nous n’avons pas respiré l’odeur de la terre, de la forêt et l’air frais des hauteurs. La luxuriance nous pénètre et la vue des sommets nous subjugue… Ceux ci sont souvent entichés de robes nuageuses ou de fibres vaporeuses. Ne laissant deviner qu’une parcelle de leur forme, se couvrant un peu plus ou se mettant soudainement à nu.
Chaque jour nous choisissons de nouveaux itinéraires tantôt nous sillonnons dans la vallée des ananas, ou dans les denses forêts, tantôt nous grimpons aux pieds des pitons… La météo restant perturbée, nous patientons d’une douce façon par des bains de nature.Chaque lieu nous offre une spécificité : si parfois certains se
prêtent davantage pour la plongée, d’autres sont parfaits pour faire de belles randos… Parfois c’est plutôt le côté relationnel avec les locaux qui priment… Il faut juste rester ouvert à toutes les opportunités qui se présentent sans faire de planning préétablit à l’avance ! C’est d’ailleurs tout l’intérêt du voyage : se laisser surprendre et adapter nos activités en conséquent. Et parfois, il faut juste savoir se satisfaire de ne rien faire ou accepter les longues heures de surveillance à bord lorsque les vents sont furieux … Ce qui importe c’est de savoir garder une fraîcheur d’esprit, un regard neuf sur chaque situation et chaque lieu et pour cela les aprioris, les idées préconçues et les références antérieures doivent être dissous. C’est ainsi que nous découvrons à nouveaux les îles de la société, alors que l’année précédente (dans un autre contexte) nous n’avions pas été très emballés ! Comme quoi, on peut passer à côté de beaucoup de choses si nous ne savons pas garder l’oeil et l’esprit ouverts…
Nous rejoignons Huahine, dernière étape en Polynésie Française. Nous allons y faire notre sortie côté papier, nos derniers achats et en profiter pour saluer Jean Luc et Matilde ( des amis qui vivent là!). Nous nous tenons informés de l’évolution météorologique car le départ pour les Tonga se profile. Aux vues des conditions, il se peut que nous fassions la route Nord. Elle offre l’avantage de pouvoir faire une escale au milieu de notre route : aux îles Cook du Nord à Suwarrow ( un atoll préservé). Cette route vers l’Ouest nous contraint cependant, à traverser la SPCZ ( zones de convergences) qui stagne dans cette partie du Pacifique. Il est donc important de bien étudier les bulletins météo afin de la contourner au maximum ! A ce propos, aux dernières nouvelles cette SPCZ pourrait bien se pointer sur Suwarrow vers le 6-7 Sept ce qui ne fait guère notre affaire ! Alors on cogite peut être va t on s’orienter vers Palmerston, île Cook du Sud ( pas de lagon mais bouée à l’extérieure qui nous permettrait de faire escale au moins une nuit ou 2 ?) On a encore une journée pour y réfléchir…
1300 milles soit 2600km de traversée nous attend, c’est un gros morceau ! Il y a toujours un peu d’appréhension avant départ, nous savons que toute traversée réserve son lot de surprises… C’est donc partit pour une quinzaine de jours de navigation… Bonne fin d’été à vous et à très bientôt pour les nouvelles !