Fin Juillet 2013
LA PREMIERE PARTIE DE NOTRE VOYAGE s’achève peu à peu.
Entre navigation et découverte de différents pays, l’expérience fut riche le temps d’une année.
Notre esprit s’est imprégné de paysages, de tonalités, de couleurs, de perceptions diverses…
Il est vrai que ce sont nos perceptions donc cela reste subjectif…
Néanmoins chaque lieu nous a marqué différemment et notre mémoire conserve une caractéristique propre à chaque endroit :
LA MEDITERRANEE est un lieu capricieux et soudain qui nous a permis de nous roder efficacement. Des images d’eau parfaitement lisses avec des dauphins joueurs, comme une mer démontée aux vents coléreux peut la représenter. Autres clichés : une tornade, un Marlin de 1,80m, des baleines….Quoiqu’il en soit la navigation y est difficile, et les souvenirs très disparates.
L’ATLANTIQUE plus régulier et prévisible demande une bonne connaissance météo pour l’appréhender. Ce sont les grands espaces, l’ivresse du grand large, le bleu outre mer, les odeurs iodées, les vents constants (parfois bien soutenus!), les pêches miraculeuses, les sensations de liberté…
LA MER DES CARAÏBES avec la douceur et constance des alizés, la navigation relativement facile, les beaux mouillages, les terres ensoleillées, les paysages harmonieux, les couleurs intenses et franches, les décors stéréotypes des rêves…
Les terres que nous avons parcourues, elles aussi recèlent chacune leur propre attrait : certaines nous ont marqué par l’aspect nature, d’autres par l’aspect humain , par une activité plus spécifique, parfois une atmosphère, une ambiance, une énergie particulière…
Il n’y a jamais d’indifférence et jamais d’ennui à découvrir un lieu.
Le fait de se déplacer en bateau change aussi notre perception vis à vis des terres. En arrivant par la mer notre vision n’est pas la même que lorsque nous arrivons en avion. Les déplacements étant lents , c’est un petit point de terre qui apparaît d’abord au loin, les heures s’enchaînent et l’attente, le désir de la rejoindre grandit. La terre devient aspiration, le terrien en nous se réveille..
Dans un premier temps c’est l’oeil qui reçoit l’information liée à cette terre puis le nez par l’odeur spécifique à celle-ci que l’on capte parfois à plusieurs miles. Ce côté olfactif génère souvent une vive émotion et un plaisir indescriptible.
A chaque fois que l’ancre est jetée aux abords d’un nouveau rivage, une sensation de joie, de contentement et de soulagement nous gagne.
De plus chaque endroit visité est ponctué par des navigations, aussi se retrouver à glisser sur l’eau nous permet-il d’intégrer le vécu du lieu que nous quittons, mais aussi de garder une fraicheur d’esprit pour appréhender le suivant. Ce temps sur l’eau est une sorte de recentrage, un temps de digestion, de retour au calme et à soi. Ce sont les parenthèses qui nous reconnectent au voyage.
La vie à bord quoiqu’il en soit est une expérience exceptionnelle, un véritable changement de vie, qui modifie notre façon de voir , de penser et d’ être. C’est loin d’être toujours facile comme on pourrait le supposer, mais c’est parfois l’occasion de se surpasser et de se découvrir véritablement.
Quoiqu’il en soit cela a ouvert notre appétit du voyage en bateau et notre envie de poursuivre cette belle aventure découle naturellement.
Nous allons donc faire un break de deux mois, avec un retour en France afin d ’embrasser nos proches. Nous attendons la fin de la période cyclonique pour reprendre notre voyage au mois d’Octobre. Nous rejoindrons alors : la Colombie puis Panama et le pacifique…
Le bateau vient d’être sortit de l’eau. Nous sommes sur un chantier au milieu d’une mangrove au bord de l’eau, où de charmantes petites plages agrémentées de cocotiers donnent une note particulière à ce lieu de bricolage. Nous sommes cependant éloignés de tout y compris d’un village, d’une épicerie et autres … ! Après plus d’un an sur l’eau quelle drôle d’impression d’être à nouveau à terre sans bercement. Notre maison est à présent perchée et statique.
Les moustiques sont féroces et la chaleur torride, mais qu’importe nous avons de quoi nous occuper et penser à autres choses qu’à ces petits désagréments. Marco entreprend de changer les bagues de safran, ce qui n’est pas une mince affaire lorsqu’il s’agit de démonter l’engin. 30 ans ont permis de souder les axes , vis, l’histoire n’est pas gagnée…. Changement des passes coques, carénage et hivernage au programme, nous nous activons donc ; car dans 12 jours nous quittons Grenade pour rejoindre le pays du camembert et du bon vin… On en salive d’avance..
Après 5 jours de chantier voici un aperçu des travaux ! Comme on le supposait le changement des bagues est un enfer :
Nous voulons enlever l’axe qui tient la barre : impossible elle est soudée. Durant une après midi Marco à l’aide de sa perceuse s’attaque à la forer. Une fois l’opération à demi- réussie, nous découvrons 2 goupilles à enlever. Il nous faudra 2 jours pour en venir au bout, nous finissons par appeler un mec du chantier qui a des outils plus adaptés. Les goupilles sont enfin dégagées, la crapaudine enlevée mais l’axe qui retient le safran est évidemment bloqué. Alors le mec revient avec un chalumeau de compétition pour chauffer le carré de bronze. Marco en bas pousse sur le safran , le mec en haut avec des énormes pinces pousse dans l’autre et OH Miracle ! le safran tombe enfin !…
Et là je ne sais pas ce qui prend au mec d’attraper le carré de bronze bouillant ( bloc plein de 10/10 cm environs ) avec un chiffon mouillé ! Je vois la fumée sortir de sa main et les yeux du type s’agrandir sous la douleur. Et voilà pas qu’il jette la pièce en feu par dessus bord au moment où Marco passe en dessous du bateau. Le mec hurle tant de douleur que pour l’avertir du danger. Marco rentre la tête et reçoit la pièce de métal dans le dos ! Le pauvre black se décompose et chiale presque en voyant sa bourde. Quand à moi je ne vois pas Marco et plus inquiétant encore je ne l’entends pas ! Un instant je pense au pire… Le temps de bondir du haut de mon perchoir et je le vois entier ; il nous dit que ça va. Une grosse marque rouge zèbre son dos mais il n’a pas trop mal.
Il doit rassurer le mec qui n’arrête plus de se blâmer et de geindre…
Si nous sommes contents d’être venu à bout de ce satané safran, nous voilà tous choqués et calmés.
Marco s’en sort vraiment bien ! Et le rasta nous dit que JAH a été là et je veux bien le croire…
Nous stoppons net le bricolage et pour nous remettre de nos émotions nous partons nager sur les reefs alentour ! Voilà un bref aperçu du chantier…
Le blog risque fort d’être interrompu jusqu’à mi Octobre, à tous ceux qui nous suivent, nous vous souhaitons un bel été, nous vous remercions de nous accompagner ainsi. Sachez que nos pensées vous rejoignent à de maintes occasions.
Gros bizous au goût d’alizés. BON VENT À VOUS !!!
(Si vous désirez être prévenu par mail de la reprise du blog, n’hésitez pas à nous envoyer un mot à sabrina.candau@gmail.com , vous pouvez également nous laisser vos impressions, commentaires afin qu’il puisse être amélioré…)
Grenade – du 15 au 22/07
Grenade est appelée l’île aux épices : noix de muscade, poivre, piment, curry, curcuma, cacao… Cela pousse abondemment. Nous allons visiter un jardin d’épice, histoire de voir à quoi ressemble les plantes et arbres de ces fameux épices que nous consommons.
Ci contre une bogue de cacao
Un parterre de mangues
Nous aimons bien également aller vadrouiller à Saint Georges sur le marché où sont vendues ces poudres colorées et odorantes. Le samedi la ville s’anime, tous les gens viennent vendre leur production dans les rues : parfois juste quelques salades, d’autres des tomates ou des mangues. Ici nul besoin d’être inscrit au registre du commence, de se déclarer auprès de l’URSSAF et RSI et caisse retraite pour venir vendre sa marchandise. C’est peut être pour cette raison que les gens ne crèvent pas de faim et qu’il n’y a pas d’assistanat. Chacun travaille, produit, vend, même si c’est très peu cela leur suffit pour vivre simplement. La dignité se lie sur ces visages et le soin qu’ils prennent de leur personne est remarquable : toujours très propres, soignés, bien coiffés.
Les gens d’ici sont à l’image de l’île propre, belle, luxuriante, généreuse et pas encore pervertie.
Aujourd’hui nous avons fait un sauvetage . Nous voyons arriver à la nage un pauvre iguane-lézard cherchant désespérément à s’accrocher au bateau. A bout de force et de souffle, il arrive à monter à l’échelle de bain, et ne semble pas décidé pour un rond, à remettre ne serait ce qu’une patte dans l’eau. Nous le garderions bien volontiers en tant que passager mais il n’a rien à faire ici !
Alors nous organisons une mission secours. Marco ne semblant pas décidé à le prendre dans ses mains, nous le mettons dans un seau et regagnons les roches du bord en annexe. Nous rendons la liberté à l’iguane traumatisé mais vivant !! Ces petites surprises de la nature nous fascinent toujours, une occasion d’observer et découvrir. Dans l’eau c’est fou tout ce que nous pouvons voir !
Nous nous préparons peu à peu à l’hivernage, démontage, nettoyage, bricolage… dans une semaine nous mettons le bateau à sec, quelques préparatifs sont nécessaires.
Du 12 au 14/07
C’est toujours avec appréhension que nous nous déplaçons en taxi collectif, mais nous n’avons d’autres choix que de les emprunter pour aller faire les courses à Saint George ou découvrir l’île.
Le van est en principe chargé à ras bord : plus de 20 personnes s’y entassent allègrement. Une musique électro au rythme saccadé et inaudible est diffusé à fond la caisse et l’enfer commence. Les routes sont étroites et deux véhicules se croisent tout juste, mais cela n’empêche pas le conducteur d’atteindre les 4 000 tours en quelques secondes, dans les virages les pneus crissent, les suspensions parfois fatiguées n’arrivent à contrer la force centrifuge. Le cul du van se dandine tentant de suivre l’allure imposée par le conducteur pris de folie.
Mieux vaut ne pas regarder la route et faire l’autruche lorsque nous croisons un autre van et surtout ne pas imaginer quelque chose voulant traverser la route à ce moment là !
Pour ma part je me concentre sur les coiffures sophistiquées des femmes devant moi. C’est un véritable art, elle prennent grand soin à s’occuper de leurs cheveux. Celles qui ne les lissent pas ont souvent des tresses, des torsades ou chignon d’une grande complexité mais de toute beauté.
Les jeunes femmes sont très belles, des tailles de guêpe, des yeux de biches, une sacrée musculature , les moins jeunes portent des rondeurs harmonieuses . La couleur de leur peau rehaussé par les teintes vives de leurs vêtements, leur donnent une mine radieuse. En ajoutant leur sourire et leur regard chargé d’éclat de soleil on peut dire que les femmes sont belles…
Nous partons marcher dans les montagnes situées à l’intérieur de l’île. ( étang et cascades)
L’air est légèrement plus vif sur les hauteurs, la végétation extraordinaire : profusion de fougères, de bambous, de plantes et fleurs diverses. C’est la forêt vierge, le sol est détrempé, il faut souvent marcher dans la boue. Des bruits étranges résonnent dans ces lieux, parfois le souffle du vent agitent les bambous les faisant grincer, chanter, des oiseaux mystérieux nous livrent des notes surprenantes.
Les oiseaux mouches volètent au dessus de nos têtes.
Nous marchons des heures sans croiser ni boa, ni personne… et c’est tant mieux !
Au bord de la route, nous avons le plaisir de voir des singes en liberté.
Un bain de nature et de vert, des bouffées de chlorophylle qui nous changent de celles salines.
Ces quelques degrés en moins sur les hauteurs sont fort appréciables.
Marco d’ailleurs commence à avoir du mal à supporter la chaleur continuelle, il faut dire que dès le lever du soleil ça cogne grave ! Seuls les courants d’air et l’ombre arrivent à temporiser l’air brûlant.
Nous convenons que le climat idéal se situe en bordure des alizés c’est à dire entre le 20 et 25 ème parallèle, mais en dessous c’est trop chaud pour y vivre en permanence!
Du 07 au 12/07
Nous changeons de mouillage et remontons à Woburn bay un peu plus au Nord Est. Une grande baie encadrée par des îlots ; l’un privé doté d’un splendide hôtel, l’autre sauvage inhabité.
Nous avons rapidement la visite d’ un américain du bateau derrière nous. Il nous convie à un concert où il va chanter à la petite marina. Une petite marina tenue par un Québécois qui est boucher et vend sa production ainsi que différents services bien commodes et soirées à thème.
Un gangue de papys musiciens navigateurs se retrouvent là pour partager leur musique.
Sur l’îlot sauvage nous découvrons un genre de communauté qui a créer un centre pour les enfants des différents bateaux. Une petite bicoque sur la plage sert d’école et autres activités où les enfants se retrouvent. Un lieu dont beaucoup d’écoliers rêveraient !!
Chaque jour nous nous informons sur la météo et nous constatons qu’une tempête tropicale se prépare. Aussi nous envisageons différentes alternatives au cas où celle-ci passerait au Sud des Caraïbes. Il semblerait au fil du temps que celle-ci se dirige vers la Martinique. Nous pensons aux potes qui sont dans ce secteur et sommes un peu inquiets pour eux.
Ca y est elle est passée, nous n’avons rien senti hormis un calme étonnant sans le moindre souffle d’air durant la nuit et des orages le lendemain.
Nous recevons un mail de notre ami Christian qui lui était dans le cœur de Chantal, voici donc son aventure relatant son passage.
Commencé le 09/juillet/2013 à 9 heures.
Mes amis.
Cette fois ci je vais avoir quelque chose de peu courant à vous raconter : mon premier cyclone à bord !
En effet « Chantal » tempête tropicale, requalifiée cyclone par météo France, nous rend visite.
Sans avoir été invité d’ailleurs !Je suis au mouillage du Marin, accroché sur un coffre que l’on m’a gentiment prêté.
J’aurais du être dans le sud de l’archipel, mais c’est une autre histoire que je vous conterais plus tard.
Normalement ça devrait aller. Habituellement, sur ce même coffre, un bateau plus grand et plus lourd est attaché.
Acceptons en l’augure. Dans tous les cas je vais être fixé rapidement.Un cyclone, pour nous marin ça commence avec un peu plus d’acuité qu’à terre par la lecture des cartes météos les jours qui précédent.
Surtout en cette saison, dite cyclonique, où il convient de suivre les informations météo tous les jours.
Et donc, il y a 2 jours, dimanche, les cartes météos montraient une grosse dépression qui se renforçait à plus de 3000 kilomètres dans l’Atlantique, entre le Cap Vert et l’arc Antillais.
Les prévisions de déplacement, la montrait se dirigeant vers les Antilles.A ce moment on se dit, que l’on va « y avoir droit » et la « préparation » psychologique et physique commence.
J’avais quitté samedi le mouillage du Marin pour celui des Anses d’Arlet, afin de profiter d’un cadre enchanteur et de pouvoir se baigner.
J’y étais en compagnie d’un autre bateau « La Juliane », une famille avec 2 jeunes enfants adorables- Charlie et Zélie-, bateau avec qui nous nous suivons, assez régulièrement, depuis le Brésil.Lundi matin confirmation.
La tempête tropicale, désormais baptisée « Chantal » -(ce qui n’est pas bon signe, puisque ne sont « baptisés » que les phénomènes météo pouvant devenir dangereux)- est annoncée sur la Martinique pour le mardi.
Nous sommes passés en vigilance jaune, puis orange.C’est le branle bas de combat dans le mouillage qui n’est pas protégé. Tout le monde lève l’ancre.
Nous aussi, qui nous dirigeons à nouveau vers le Marin.
Arrivé en début d’après midi, la zone de mouillage, déjà ordinairement encombrée, est complètement saturée. Tranquille je me dirige vers la bouée(ou coffre) que l’on m’a prêtée.Et là, mauvaise surprise. Elle est prise par un bateau d’une base de location.
Je pars à la recherche d’un endroit ou je puisse mouiller l’ancre.
Et là, j’ai eu de la chance. Les gens de la société de location, qui connaissaient mon bateau, et qui sont des amis de celui qui m’avait prêté la bouée, m’en ont indiqué une autre.
Ouf ! Je me sens plus en sécurité que sur chaîne.
De plus il y a un peu de place derrière, et ça me permet de guider La Julianne qui vient mouiller derrière moi.
A priori là ou nous sommes dans la baie du marin, près de la mangrove, nous paraisons mieux lotis que tous ceux qui sont « en tas » en plein milieu du plan d’eau.Il est mardi 10 heures maintenant.
La tempête est là.
En fait ça se passe très progressivement.
La nuit a été calme. Peu de sommeil, car je suis resté, comme de nombreux autres bateaux je suppose, à l’écoute des informations météo, diffusées toutes les heures (au moins) sur la VHF par le CROSS Antilles. (CROS : Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage).
Et puis progressivement, à partir de 7 heures ce matin, le vent à commencé à monter avec des rafales de plus en plus fréquentes et puissantes.
Ensuite tout s’accélère assez vite.Ca ressemble assez aux morceaux de musique classique, ou les instruments jouent d’abord doucement (pianissimo ?), puis s’ajoutent les uns aux autres, et enfin l’orchestre « éclate » de toute sa puissance !
Sauf qu’ici, la musique est plutôt lugubre.
Le vent fait un bruit soutenu et un peu inquiétant, qui devient hurlant et sauvage dans les rafales. Celles-ci dépassent de plus en plus souvent les 45 nœuds.Nous sommes tous en veille sur la VHF, canal 16 qui est le canal d’appel et de détresse.
Et les appels au CROSS se multiplient maintenant.
Je n’ai pas compté précisément, mais une quinzaine de bateaux ont dérapés. Certains sont rentrés dans d’autres bateaux, 3 sont allés, malheureusement, s’empaler dans les récifs.
Les échanges sont incessants entre les plaisanciers en difficultés, le CROSS et la SNSM. La SNSM ne sortira que si il y a des vies humaines en danger.
Car actuellement c’est trop dangereux pour eux(disent-ils), et il y a trop de bateau qui demandent assistance.
D’ailleurs, à 10h30, le premier MAYDAY (appel d’urgence avec vies en dangers ou SOS) vient d’être lancé par un bateau Anglais. Ils sont 3 à bord.Nous « sommes en plein dedans » maintenant.
Ca souffle fort, régulièrement à 30/ 40 nœuds.
Un bateaux à enregistré une rafale à 51 nœuds.
Deux autres à 62 nœuds. Ca dépend de sa position sur le plan d’eau.
La visibilité est réduite à une centaine de mètres.
La pluie tombe, non pas à la verticale, mais à l’horizontale…
Le plan d’eau, d’habitude comme un lac, est maintenant parcourut de vagues d’environ 50 cm. Dans les rafales, la crête des vagues est arrachée et propulsée par le vent.
Le vent a commencé sa rotation. Il soufflait du Nord Est-ce matin. Il vient de passer, assez rapidement, au Sud-Sud Est.
Après une brève accalmie, il se déchaine à nouveau.
Il continue sa rotation vers le Sud. Et là, sa souffle à plus de 50 nœuds.
Les bateaux se couchent sur l’eau. On ne voit pas à plus de 50 mètres.Deux bateaux sont en difficulté autour de moi, dont mes amis de La Julianne, qui dérapent, remontent de la chaîne dans la tourmente et vont devoir essayer de remouiller.
Le problème du mouillage sur ancre, outre la grande longueur de chaîne nécessaire, c’est quand le vent tourne.
Le bateau « remonte sur sa chaine », l’ancre qui se retrouve à 180° de sa position initiale, finit par décrocher, entrainant le dérapage.
Avec mon mouillage sur coffre je suis, à priori, plus tranquille. Si le lest est assez lourd et si les amarres (de la bouée et du bateau) ne cassent pas ça devrait aller.
Le bateau peut « tourner » autour du coffre sans trop de problème.Nous sommes maintenant orientés au Sud Ouest.
Ca signifie que la dépression est en train de passer sur nous.
Combien de temps ça va encore durer ?La Juliane, manœuvre. Ils sont tous les deux sur le pont. Les enfants sont en bas. J’espère qu’ils n’ont pas trop peur…
Ils me font signe qu’ils pensent avoir stabilisé le bateau.Un autre bateau est parti sur le récif.
Je viens d’entendre sur la VHF qu’il y en avait jusqu’à 17 heures…
Il est 11 heures 20. Ca promet.
Depuis quelques minutes, on dirait que ça se calme.
On est, peut être, dans l’œil du cyclone…
Ca va repartir de plus belle bientôt. 60 nœuds annoncés !Je viens d’avoir une petite conversation VHF avec La Juliane. Ca va. Ils s’appuient au moteur et on stabilisé leur situation.
Les prochaines heures vont être encore plus longues pour eux.
Et je suis impuissant : rien que je ne puisse faire pour eux.Le vent reprend à nouveau.
Par contre, le CROSS vient d’annoncer qu’il y aurait des rafales jusqu’à 80 km/h jusque vers 14 heures et qu’ensuite ça devrait se calmer.Il est 12 heures 30, et ce serait une bonne idée si ça se passait comme ça…
Il est 16 heures 30. Depuis une heure tout c’est calmé.
Le vent est tombé assez brutalement.
La baie vient de retrouver sa surface tranquille. Ne serait-ce l’eau marron et des débris un peu partout on ne se douterait de rien.
Seul quelques bateaux (du moins ce que je peux voir autour de moi), on des positions bizarres. Deux ont l’air d’être enlacés… Mais je crains fort que ce ne soit pas une liaison heureuse…Tout va bien.
Birabao est nickel. Le Captain aussi, qui aura juste besoin d’une bonne nuit de soleil.17 heures 15 : Tout est calme. Ca fait « drôle ». Plus de bruits. En fait on reste tendu longtemps en se disant : ça ne peut pas s’arrêter aussi brutalement… Ca va recommencer…
Et puis non.
C’est réellement fini.Mais on a tout de même un doute qui reste ancré.
Je suis allé faire un tour à terre. Juste pour voir si ça bougeait là bas aussi.
Non tout est calme.
Mais les nouvelles sont mitigées.
Une nouvelle dépression menace pour la semaine prochaine. Plus grande, plus forte…Mais a chaque jour suffit sa peine. On verra demain et les jours suivants.
Bises à tous.
Christian.
PS : avec deux jours de recul :
- La tension chez les plaisanciers restera forte jusqu’au lendemain.En fait le stress est surement important et ne « lâche » pas commence ça.
D’ailleurs nous seront nombreux à ne pas bien dormir malgré la fatigue.
- Dans l’île il y a peu de dégâts important. Mais de nombreuse coupures d’électricité (plus de 50 000 foyers disent les journaux).Aucune victime.
- Nous avons tous eu beaucoup de chance, parce que Chantal est passée très vite.Si son déplacement avait été plus lent, l’histoire eut été différente.
- Les navigateurs qui avaient lancé le MAYDAY, ont été secourus et sont sains et saufs.
- De très nombreux bateaux sont endommagés plus ou moins sérieusement.
- J’ai appris hier au soir que j’avais eu beaucoup de chance. Le catamaran qui avait été placé sur le premier coffre, ou j’aurais dû aller, à dérapé, avec le coffre, et s’est retrouvé dans la mangrove…Plus lourd et avec plus de fardage (prise au vent) que moi… Que se serait-il réellement passé avec mon bateau ?On ne refait pas l’histoire. Il faut saluer la chance… mais, à postériori, ça « fout les jetons » !
- La dépression qui menaçait n’a pas l’air de trop se renforcer.Il ne devrait s’agir « que » d’un coup de vent à 30/35 nœuds.Mais on va garder un œil dessus.
Voilà mes amis.
Quand je vous disais que la navigation n’est pas toujours un long fleuve tranquille.
Mais je suis mieux que dans un studio d’HLM à regarder la télé… Même si je ferais tout pour ne pas me retrouver en pareille situation.
A bientôt.
CHRISTIAN
Une fois de plus nous nous félicitons d’avoir pris l’option prudence et d’avoir rejoint le Sud moins exposé aux cyclones, cela nous évite quelques émotions fortes de ce genre…
Carriacou-Grenade
Le 1/07/13
Une courte navigation de 10 miles nous amène à l’île ronde. Seuls au mouillage sur cette île inhabitée dans une petite baie sauvage.
Durant la nuit cependant la houle vient nous bercer contre les parois des cabines, nous ne pouvons prolonger notre halte, de plus une onde tropicale doit arriver prochainement aussi nous reprenons notre route pour Grenade.
Un pauvre poisson porc-épic a le malheur de mordre à l’hameçon, nous voilà bien embêté, et lui bien gonflé!!
Pour aller à la baie de Prickly il y a 30 miles et la plus grande partie se fait sous le vent de la côte. Pour une fois le vent reste constant et la mer calme, un régal jusqu’à se que nous arrivions à la pointe sud où un fort courant contraire nous attend, nous obligeant à mettre le moteur plein gaz.
Cette côte Ouest offre de hauts reliefs luxuriants doux à l’oeil.
Prickly est une grande baie où de nombreux bateaux sont au mouillage, nous trouvons cependant aisément une place pour jeter l’ancre.
Retour à la civilisation, nous allons enfin pouvoir trouver du gaz, cela fait quelques jours que nous en sommes privés et cuisiner sans cela devient problématique, comme nous nous en sommes vite rendu compte.
Le 05/07
C’est avec un taxi collectif que nous nous rendons à l’ambassade du Vénézuela dans l’espoir d’obtenir un visas pour la suite du voyage cet automne. Nous devrons faire sans pour X raisons, mais nous savons que quelques dollars et bouteille de rhum pourrons arranger notre séjour aux Aves et Roques.
Les taxis collectifs sont nombreux ici et les conducteurs en règle générale sont complètement frappa-dingues. L’accélérateur se voit écrasé au plancher et les freins soumis à rude épreuves, les réflexes pas toujours appropriés, l’anticipation inexistante et seul les dos d’âne, nous permettent de nous remettre de nos émotions ! Il faut le voir pour le croire.
Nous arrivons quand même vivant à la capitale Saint Georges. Les rues grouillent d’agitation, nous découvrons le marché aux épices et fruits, les odeurs et les couleurs nous ravissent.
Une dame tombe sous le charme de Marco, elle le serre dans ses bras et ses yeux plein d’amour en disent long, Aussi émouvant que cela soit je ne consens pas à lui laisser, j’ai besoin de mon capitaine !
Attirés par une odeur alléchante nous pénétrons dans un tout petit « resto » dont deux tables recouvertes de toiles cirées ancestrales remplissent l’espace. Quelques chaises branlantes datant de Mathusalem supportent 2-3 clients affairés à manger. Un vieux ventilateur ronfle bruyamment.
Nous partageons la table d’un vieux papy édenté qui mâche sans relâche, sans doute lui faudra-t-il la journée pour ingurgiter son assiette. Pour 2,50€ l’assiette locale remplie à ras bord, il n’y a pas de quoi se plaindre et l’ambiance en prime…
Ces dépaysements, ces contrastes de vie nous surprennent sans cesse, c’est tellement bon de plonger dans des mondes différents ; ils nous offrent tant de surprises…
Nos esprits s’assouplissent ainsi de nos références habituelles, nous obligeant à appréhender les choses avec moins de rigidité. Cette diversité crée la richesse !
Aujourd’hui nous faisons la connaissance d’un couple atypique de navigateur : Le monsieur a 90 ans, il est Français, sa femme venant de Trinidad en a 40 de moins facile.
Lui est blanc, des cheveux longs blonds, ses yeux couleur d’eau gardent un éclat pétillant et sa vivacité est étonnante. Elle, la peau noire ambrée, des yeux de biches dont la profondeur est captivante, ses gestes révèlent l’amour qu’elle porte à cet homme.
Voilà encore des personnages surprenants et qui ne cadrent pas avec nos représentations mentales ordinaires. Comment imaginer un homme de 90 ans sautant dans une annexe en mouvement ( avec en prime une jambe en ferraille), naviguant sur une mer agitée et devant tenir le barre? Sa précieuse compagne en est certainement la clef, mais leur mérite n’en reste pas moins extraordinaire ! Un choix qu’ils ont fait pour vivre libre.
Nous retrouvons également à ce même mouillage Rénato le saxophoniste rencontré à La Palma, ( l’équipier à Jacky d’un super trimaran) une occasion pour qu’il nous raconte leurs aventures !
( notamment en Afrique avec les les zozieaux et les cocodriles) Rénato est Italien et son accent et sa prononciation sont vraiment rigolots.
Le 17/06 îles Petit Saint Vincent au 24/06 Carriacou
Eole est bien gonflé aujourd’hui, nos réservoirs d’eau, eux le sont moins voire pas du tout.
Il nous faut entreprendre la mission ravitaillement eau à un ponton sur l’île en face sur la petite Martinique.
Malgré les rafales mon arrivée au ponton est plutôt réussie, mais le temps de remplir les réservoirs, les rafales et la houle conjuguée sont telles que les amarres à quai menacent de rompre avec les à-coups. Lorsque nous quittons enfin ce lieu, nous constatons que les tuyaux d’arrosage fixés en guise de protection des amarres ont été coupé et que les amarres ont brulées aux points de frottement.
En quelques minutes une amarre peut se rompre c’est effrayant…
Nous prenons le temps de mouiller et d’aller voir la météo sur internet. Ce n’est pas réjouissant une autre onde tropicale arrive, donc nous voilà encore un peu de temps coincé ici.
On pense être mieux abrité au mouillage de petit Saint Vincent, nous y retournons.
Avec la nuit, le vent forcit encore. Le bateau est tellement secoué que nous nous installons devant l’anémomètre en guise de télévision pour voir les performances du vent, mais également se tenir prêt à agir s’il le faut. Nous ne sommes pas très rassurés lorsque s’affiche sous nos yeux 40 nœuds.
Notre record de vent au mouillage !
Nous ne tenons qu’à une pauvre petite ancre plantée dans le sable et nous sommes conscients qu’avec vent et houle, elle peut déraper. La plupart des pertes des bateaux se font ainsi!!!
Nous restons éveillés le temps que le vent faiblisse un peu et mettons l’alarme de mouillage pour la nuit. Cependant à chaque rafales nous quittons le royaume des rêves, l’esprit se met en veille et monte la garde. La pluie se déchaine et le lendemain il en est de même. On se croirait en Bretagne sauf que la température est à 29°c, c’est la journée la plus fraiche depuis 2 mois !
Journée repos pour la peau ! Pas de soleil ! Les hublots sont fermés et la vie se concentre à l’intérieur entre lecture, préparation de routes futures, bricolage moteur, inventaire pour l’hivernage… car nous allons rentrer 1 mois et demi en France mi-Août, les billets sont pris !
La navigation durant la période cyclonique étant périlleuse, mieux vaut mettre le bateau à sec et en profiter pour aller embrasser nos proches tant qu’il est encore facile de le faire car une fois dans le Pacifique cela risque de l’être moins. Tidoudou sèchera un peu son ventre au chantier de Grenade.
Il est de toute façon nécessaire de faire un carénage, changer les bagues de safran, les passes coques… et autres bricolages avant d’entreprendre la grande route à l’origine de nos rêves… Nous consacrerons un bon mois pour le préparer.
Le 19/ 06
Petite trouée propice à retourner à Union faire les papiers de sortie, puis cap sur Carriacou.
Nous voilà dans une nouvelle baie fort tranquille, dans un décors fidèle aux Antilles.
Le chaud soleil est de retour.
A Hillsborough, petit village ( qui est toutefois la capitale de Carriacou) quelques mamies au coin des rues vendent des mangues ou des bananes, pas de grandes activités ici. Tout semble vivre au ralenti, dans une simplicité nue, pas de belles façades pas d’attrape touriste… pas de tourisme non plus d’ailleurs! La gentillesse émane parfois avec poésie. Un vieille dame à laquelle nous avions acheté des fruits nous disait : « Thank you sugar flower and lovely gay ! » avec une sincérité touchante !
Le mouillage par contre est vraiment rouleur et les nuits, nous sommes bercés un peu trop copieusement.
Le 21/06
Sandy island est une langue de sable blanc -rose entourée d’eau turquoise, également un parc national où de nombreux oiseaux ont élus domicile. C’est aussi un peu le stéréotype de l’île de nos rêves : déserte, sauvage, romantique… Nous mouillons et gagnons l’île à la nage en profitant ainsi pour explorer les fonds. Cela a dû être très beau avant que les coraux ne soient dévastés par le cyclone Lenny, quelques poissons nichent malgré tout dans les coraux morts. Aux abords de la plage des nuées de petits poissons argentés dansent et nous mêlent à leur frénésie, nous sommes au milieu de leur magnifique danse. Les pélicans et autres oiseaux plongent pour les attraper.
La plage s’étire avec finesse et harmonie, le contraste des couleurs ne fait que la parer d’un attrait supplémentaire.
Le relief de Carriacou et de l’île voisine semblent veiller et protéger ce petit trésor.
Le 22/05
Le mouillage le plus protégé des Grenadines est Tyrrel bay, il dispose même dans sa lagune d’un abri à cyclone pour les plaisanciers. C’est une grande baie où de nombreux bateaux sont au mouillage.
Malgré la chaleur, nous arrivons à aller marcher sur des chemins qui longent la mer plus ou moins en forêt.
Du 22 au 30/06
Nous restons donc quelques jours dans cette baie avec un rythme quelque peu ralenti par la chaleur et le passage d’ondes tropicales.
Pas de grandes activités, juste quelques marches d’exploration où nous rentrons chaque fois à la limite de l’insolation et dégoulinant de sueur !
Nos après midis se passent à la terrasse d’un petit bistro à l’ombre, connecté à internet. L’occasion de préparer la route future, de se documenter sur les différents pays par lesquels nous allons passer…
Nous pataugeons dans l’eau à 29°c, nettoyons la coque qui se couvre régulièrement d’algues, coquillages et crabes.
La vie trépidante, agitée nous paraît comme un lointain souvenir, de toute façon nous n’avons pas d’autres choix que de s’adapter à celui qui s’offre à nous.
Une personne agitée à mon avis ne mettrait pas beaucoup de temps à se calmer dans un environnement comme celui-ci !
Cette île respire la quiétude, on se croirait à une lointaine époque. Les gens vivent encore de ce qu’ils produisent de leurs mains, de leur savoir faire. Il n’y a que de petits artisans et petits commerçants. La seule chose qui trahisse notre civilisation est la connexion internet.
Demain 1er Juillet nous partons plus au sud à l’île ronde, halte de 2 ou 3 jours avant de rejoindre Grenade.
En France le printemps semble avoir était zappé, mais peut être que l’été vous fera la grâce de sa présence, nous vous le souhaitons ! En tout cas nous, nous avons eu plus que notre part de soleil, alors on veut bien vous en envoyer, je suis sure que quelques miettes de celui-ci suffirait pour chauffer votre carcasse tant il est concentré !!!
Notre thermomètre ne descend plus en dessous de 30°c par contre au dessus….
Ce tour du monde nous permet de rêver notre vie les yeux ouverts.
Nous nous en sommes, certes, donnés les moyens mais savons reconnaître la chance qui nous est offerte.
Ce voyage est aussi dédié à tous ceux qui ne peuvent le faire… et qui pourtant nous accompagnent par les pensées et dans notre coeur…
Il est un petit ange, partit beaucoup trop tôt pour le grand voyage que je voudrais associer à notre aventure ; car tel était son rêve. Mattéo vogue aussi avec nous sur les océans et vers les terres lointaines…
Du 12 au 16/06 Mayreau à Petit Saint Vincent
Après le passage de l’onde tropicale, des vents forts et de la pluie, nous mettons cap sur l’île petit Saint Vincent à quelques miles de Mayreau. Nous avons repéré sur la carte l’entrée de la passe entre deux hauts fonds de plateaux sableux. Mais à l’arrivée quelle n’est pas notre surprise de voir des déferlantes barrant notre route et des récifs à fleur d’eau. Moment de panique on abat toute !
On se rend compte que la passe se trouve plus bas entre un autre plateau de sable et ces deux là.
Saint Vincent est une île privée où un hôtel de luxe s’est construit au milieu de la végétation naturelle.
Un lieu splendide où la performance de l’Américain qui l’a construit est d’avoir su intégrer parfaitement les installations et garder l’esprit sauvage du site.
En face la petite Martinique accessible en annexe, nous nous y rendons et la découvrons en partie à pieds. Nous aimons beaucoup cette ambiance authentique avec les petites bicoques colorées.
Il semble que le niveau de vie ne soit pas très élevé, mais un air de tranquillité s’échappe de ce lieu.
Ca et là des tombes au milieu des habitations, des chèvre qui broutent, des potagers… il semble que tous les aspects de la vie soit intégrés sans délimitation, sans barrières…
Ce lieu, comme Marie Galante, Mayreau, Sainte Lucie, Bequia sont pour nous des îles qui révèlent le mieux l’esprit Antillais. Le dieu monnaie se voit détrôné par le dieu Bob.
La vie simple avec des activités de base : cultures, pêches… Si en plus il peuvent tirer un petit profit du tourisme de passage en vendant 3 poissons et quelques fruits, ils n’en demandent pas plus…
Pas de stress, pas d’agitation inutile, le temps règne et s’étire insolemment.
La nature généreuse offre ses fruits et sa beauté, les petites habitations parfois sommaires sont éclairées du sourire des habitants et de musique.
Nous nous faisions la réflexion qu’en fait des Antilles ce qui nous a le moins plu, c’est la Guadeloupe et le sud de la Martinique où les Français sont venus implanter leur culture, leurs structures et leurs euros. Les inégalités de vie sont frappantes.
En créant un besoin de consommation on a créer une envie et donc des frustrations qui se révèlent par une certaine agressivité, du racisme, des vols, des meurtres…. Il n’y a pas toujours de quoi être fière d’être Français !!
De Sainte-Lucie aux Tobago
Du 01/06 au 07/06
Nous passons une semaine dans cette baie fort jolie, le matin tant qu’il fait frais c.a.d : 35°c ; nous allons marcher sur les hauteurs dans la végétation exubérante. Les après midis, planqué à l’ombre, nous prenons le rythme des gens d’ici en glandant tranquille ! Les boats boy viennent nous voir régulièrement pour s’assurer que nous ne manquons pas de fruits ! On se gave de mangues, de bananes, d’ananas, papayes c’est la saison ! Nous constatons que selon où l’on se trouve nos cures gastronomiques diffèrent. Ici ce sont les fruits, après les langoustes c’est pas mal !
Une nouvelle activité à bord s’est installée : c’est ouvrir et fermer les hublots. Les grains se succèdent tous les quarts d’heure, laissant une atmosphère tropicale d’humidité étouffante.
Les vent sont bien gonflés, nous attendons qu’ils mollissent un peu pour lever l’ancre.
Enfin un créneau ! Nous décidons de faire un stop à ce que l’on dit être le plus beau mouillage des petites Antilles « aux pitons » plus au Sud (toujours à Sainte Lucie).
Une courte navigation où l’on aperçoit ces 2 sommités surprenantes de loin.
L’un des pitons a une base large , malgré cette masse imposante, il flirte avec le ciel avec la rondeur de son sommet. L’autre est son contraire, sa finesse, son aspect élancé, lui donne de la légèreté. Il darde sa pointe effilée crevant les nuages avec insolence.
La hauteur de ces deux pitons est encore plus impressionnante à leur pied.
C’est à couper le souffle tellement le cadre est beau.
Nous avons opté pour une navigation de nuit, car les journées torrides nous mettent au supplice lorsqu’il faut être sur le pont en continu sans ombre.
Nous quittons cet endroit magique, en fin d’après midi par un doux vent pour 60 miles.
Les voiles sont gonflées mais nous gardons un appui moteur pour se dégager rapidement de la côte afin de toucher des vents plus réguliers.
Au bout de deux heures le soleil décline dans un dégradé de jaunes d’or et nous constatons que le paysage n’a pas quasiment pas changé. Fascinés par les pitons, le décor, les lumières nous ne nous sommes pas rendu compte que l’on n’avançait pas. Le speedo nous indique pourtant 4,5 nœuds, nous avons les voiles, le moteur, un peu d’air mais en regardant le GPS on avance à 1,5 nœud.
Le courant est tellement fort que l’on fait presque du sur place. Nous voulions passer au vent de Saint Vincent, mais vue ce foutu courant mieux vaut passer sous.
Nous ne comptons pas nous arrêter sur cette île ; trop de vols et agressions ont été reporté.
Nous passons donc à l’Ouest des terres en sachant que nous aurons droit aux déventes et surventes comme toute navigation sous les reliefs !
J’entame le premier quart dans le noir total, pas un rayon de lune. Nous sommes dégagés de Sainte Lucie dans le canal, le vent commence à nous mettre au parfum de l’inconstance. Les variations d’intensité de celui-ci affole notre régulateur d’allure qui ne peut redresser les départs au lof. Je me vois contrainte de le faire pour lui ( sans doute sommes nous trop toilé le temps des rafales !!)
Un quart bien occupé. Lorsque Marco prend la relève, nous sommes sous le vent de l’île et là les variations sont extrêmes. Il ne fait que rouler, dérouler le génois, mettre et éteindre le moteur.. Il s’agite ainsi jusqu’au lever du jour sans avoir le temps de contempler les étoiles !!
Le 08/05
Bequia s’étire sous nos yeux, relief bas, chapelet de terres formant une longue langue bosselée. Nous jetons l’ancre aux abords de port Elisabeth dans une eau cristalline.
Nous survolons en annexe les fonds bleutés où la transparence est fascinante afin de rejoindre le village. Mission papiers pour faire notre entrée aux Grenadines. L’ambiance est colorée : des étales de fruits un peu partout, des cahutes peintes dans des tonalités vives, des odeurs de poulets grillés et épices, la musique des rastas, un soleil radieux pour illuminer tout ça, histoire de se sentir vraiment dans les îles ! Les gens sont agréables et les potes à Bob Marley s’avèrent vraiment cool !
Notre mémoire retrouve la barque de l’un d’eux dont le visage de son idole été peint sur le moteur. Et sur la coque été écrit : JAH is my co-pilot ! Il nous a fait rire car c’était vraiment le rasta caricaturé. Il venait nous vendre je ne sais plus quoi, un peu déchiré par la Ganja, mais avec le sourire, la gentillesse et une certaine forme de fraternité qui ne laisse pas indifférent.
Une indolence flotte dans les rues où des noirs sont assis ou allongés à l’ombre d’un toit, des arbres.. Le rythme semble s’étirer dans une certaine nonchalance sous la chaleur et nous même ralentissons le pas. On traîne un peu plus le pied, nos gestes sont moins vifs, on pense davantage à aller s’assoir à l’ombre qu’à s’activer comme des mouches au soleil !!…
Je n’ai pas mon appareil photo, pourtant ce lieu se prêterait à quelques clichés. Mais j’hésite toujours à braquer mon objectif sur des personnes à qui je n’ai pas demandé l’autorisation. Cela me parait intrusif et indélicat. J’ai toujours un peu honte de prendre des photos en douce, d’un visage.
Et dans certains pays c’est d’ailleurs tout à fait mal accepté et les gens sont fort mécontents si on s’aventure à les prendre en photo. Un pêcheur m’avait, à ce propos, tellement engueulé qu’il m’a vacciné à jamais !
Les grenadines sont un ensemble de petites îles dont les Tobago Kays sont un des grands attraits.
Nous faisons route en direction de ce lieu. Les navigations à présent sont assez courtes quelques heures seulement.
En 5heures nous voilà dans la passe ; les couleurs bleues éclatent de part et d’autres laissant deviner des récifs à fleur d’eau par la teinte vert -turquoise.
La lumière en cette fin d’après midi est parfaite pour nous aider à repérer les reefs.
Des petites îles encadrées par une barrière de corail sont comme des bijoux dans un écrin. Très peu de monde au mouillage ce qui est exceptionnel pour ce site ! On dit du mouillage où nous sommes qu’en pleine saison si on trouve une place pour y jeter l’ancre c’est comme si nous gagnons à la loterie.
Sitôt l’ancre posée, nous plongeons dans le cristal liquide pour regagner à la nage le bandeau de sable de l’île Baradal.
De nombreuses tortues peu farouches, nous accueillent avec leur nage gracile, des raies bleutés agitent leurs ailes et tentent de s’enfoncer dans le sable, d’énormes Carangues nous passent sous le nez, et tout cela à 1mètre à peine… Si à Sainte Lucie nous pleurions de ne rien voir, ici nous voilà comblés…
La petite île est une merveille. Nous atterrissons à la nage sur une petite plage de sable blanc . Nous ne résistons pas à aller vadrouiller sur un sentier qui monte dans la verdure, même si nous sommes pieds nus.
Nous croisons deux tortue de terre. Leur carapace semble sculptée dans l’ébène, gravée de motifs au centre desquels des topazes ont été ajouté. Les oiseaux partout autour s’ébattent, piaillent.
« Ho regarde ! dis je à Marco, le drôle d’oiseau dans l’arbre !! »
Pour un drôle d’oiseau s’en est un ; car il s’agit en fait d’un iguane perché là haut.
Arrivés au sommet, un point de vue fabuleux sur les reefs et îles autour !
C’est l’île enchantée ! On en revient pas de toute cette profusion de vie animale, de couleurs, d’iles..
A l’instant même, tout en écrivant, une sorte de Ménate (oiseau) vient de rentrer dans le bateau et réclame à manger. Nous lui tendons un bout de saucisson, il le prend dans la main !
Notre oiseau ne semble plus vouloir partir ! Espérons qu’il ne chiera pas partout ! Il nous pique des biscuits apéro et et tape dans nos bananes à coup de bec !!
Le lendemain nous partons sur les récifs avec l’annexe pour plonger, les yeux grands ouverts nous remplissons nos mirettes. Nous les achevons en faisant le tour des îles, grimpons sur les sommets. Les couleurs sont tout bonnement incroyables, le paysage extraordinaire. Tant de beauté….
Le 10-12/05 les TOBAGO Kays
Les vents se renforcent et une onde tropicale ne va pas tarder à arriver. Nous allons donc rejoindre un mouillage plus abrité sous le vent de Mayreau.
Toutes ces îles sont en principe très fréquentées en haute saison et l’on pourrait penser que des infrastructures touristiques se soient implantées ; mais pas du tout ! Quelques pêcheurs proposent seulement des BBQ sur les plages sous une paillote.
A Mayreau , nous sommes surpris de découvrir un petit village authentique et coloré où seuls les nombreux bars trahissent le passage touristique. Deux pauvres épiceries ravitaillées par les mouettes offrent quelques boites de conserve et côté légumes : un panier d’aïl et une seule pomme de terre.
Le niveau de vie n’est pas très élevé, il manque par exemple la prise en charge des déchets, on trouve encore des décharges en pleine nature. Par contre tous les bars sont équipés d’internet ! Le progrès est étonnant !!
350 habitants peuplent cette île. La vie locale est cependant bien animée au son du Reggae. Il y a une école primaire et le soir les collégiens rentrent de Union par le ferry. Les pêcheurs viennent régulièrement nous vendre leur poisson à bord. Les gens sont agréables et toujours prêts à échanger quelques mots.
En faisant le tour de l’île à pieds par la côte, nous découvrons la beauté de ce petit bout de terre :
Succession de plages, de criques, de végétation parfois impénétrable, des couleurs et contrastes intenses…
Le lieu se prête au snorkeling, mais hélas Marco ne peut utiliser son fusil car la pêche et chasse sous marine sont interdits aux étrangers, ce droit est réservé aux locaux. Je ne vous raconte pas la gueule à Marco en voyant toutes ces langoustes que l’on ne peut que regarder !